Lîle de la Magie – chapitre 11 – Les libérateurs

Chapitre 11 – LES LIBÉRATEURS

Toutes les parties de cet îlot sont devenues admirables. Les mauvaises herbes ont disparu. On n’y rencontre désormais que des arbres et des fleurs aux couleurs dorées qui embaument toute cette atmosphère de leur doux parfum. Une immense prairie a retrouvé sa place capitale. Les cris joyeux de certains animaux résonnent de partout.

Les enfants sont étendus sur le pré, les uns auprès des autres, tous inconscients. Le dinosaure et le dragon ont disparu, on peut constater la présence de quatre chevaux tout blancs se tenant les uns auprès des autres. Comment sont-ils arrivés là ?

Voilà enfin trois êtres – des filles. Deux sont de petite taille et capables de voleter, l’autre est de la même taille que ces enfants. Il semble que ce soient ces créatures qui ont fait surgir ce grand bois aiguisé qui a poignardé le dragon. Ces trois filles sont assises sur une sorte de balançoire toute transparente jusqu’aux cordes. Nis, le chien des enfants, est lové dans la main de la plus grande des trois. Il lui a remis la fameuse pierre bleue que ses compagnons l’ont mandé de chercher. Elles se balancent tout doucement, contemplant les enfants étendus, leur faisant dos.

« Connais-tu leurs noms à eux ? » demande une fillette aux cheveux dorés et au sourire gracieux.

« Bien sûr ! » répond la plus grande parmi elles.

Comme les enfants leur font dos, elle commence par celui qui se trouve de l’autre bout.

« Celui-là est l’oncle, il s’appelle Mano… »

« Mano ! » s’exclame l’autre fillette aux cheveux noirs. « Quel joli nom ! »

« Le plus jeune », poursuit-elle, « est le neveu à Mano, il s’appelle Dani. »

« L’oncle et le neveu ! » s’écrient les deux fillettes, surprises.

« Oui, Mano est le demi-frère de la mère à Dani. » leur explique-t-elle.

Les deux fillettes secouent leurs têtes en faisant mine de comprendre, mais réalité, c’est la première fois qu’elles endentent cela.

« La fille qui se trouve derrière Dani se nomme Emma. » continue la plus grande, « et celle qui est là juste derrière et qui nous fait dos s’appelle Nafi. Elles sont cousines, ces deux filles. » précise-t-elle. « Ce chien s’appelle Nis. »

Une guêpe vient chuchoter aux oreilles des enfants, les rendant somnambules car, toujours endormis, ils se mettent à agiter leurs mains près des oreilles comme pour écarter cet insecte importun ; néanmoins cet animal persiste. Il réussit même à piquer Mano qui hurle de douleur, ce qui trouble le sommeil de ses amis qui sursautent aussitôt en s’arrachant de leur sommeil, effrayés. Ayant remarqué cette nouvelle atmosphère douce, parfumée et agréable, les enfants auraient dû se croire tombés dans un autre îlot. Ils ne s’aperçoivent même pas de la présence de ces trois filles derrière eux, tellement ils sont enchantés par ces agréables fleurs et cette belle prairie. C’est en parcourant ce bel endroit de leurs yeux, qu’ils voient enfin ces trois créatures qui les contemplent ; ils deviennent aussitôt pétrifiés. Elles descendent alors de leur balançoire et s’approchent un peu aux enfants.

« Vous allez tous bien ? » S’enquiert la plus grande des trois filles. « Eh bien, Dani, je t’ai promis que j’emmènerais mes deux amis, les voici à présent ! » ajoute-t-elle.

« Je suis Lina. » se présente celle qui a les cheveux dorés, souriante.

« Moi, je suis Jola ! » Se présente l’autre aux cheveux noirs.

« Nous sommes ravies de vous avoir rencontrés ! » disent-elles en chœur, excitées.

Les enfants demeurent néanmoins tout craintifs, mais cela ne saurait durer…

« Siata ! » s’exclame Dani, excité. « C’est bien toi ? Line et Jola ! Quels noms géniaux ! » Ajoute-t-il, exorcisé de sa peur.

« Merci, Dani ! » s’extasient les deux fillettes.

Les autres restent peu dubitatifs, car ils n’ont pas oublié cette mésaventure avec l’ombre. Siata est vêtue dans sa véritable nature féerique ressemblant vraiment à une princesse ainsi que ses deux compagnes.

« N’ayez aucune crainte ! » les rassure solennellement Siata.

Cette parole seule suffit à encourager les enfants à s’exorciser de la peur qui les anime. Ils retrouvent leur humeur plus gaie. Il n’y a plus aucun doute. C’est bien leur compagne, Siata, Dame Fée.

« Enfin, Siata ! » s’exclame Mano d’une voix lasse. « Nous avons été traumatisé par une mésaventure… tu nous as beaucoup manqué ! »

« On a attendu patiemment ce moment. » enchaine Nafi, émerveillé. « Nos désirs sont comblés après vous avoir rencontrées toutes les trois. »

« Nous avons été délivrées grâce à votre pouvoir. » remarque Emma, heureuse. « Nous vous en remercions et vous sommes reconnaissantes. »

« Je vous en prie, Emma et Nafi ! » S’exclame Siata, modeste. « Vouloir faire du bien doit être le désir le plus cher pour tous. Tutoyez-nous, je vous en prie ! » Ajoute-t-elle.

Les deux jeunes filles secouent énergiquement leurs têtes, les visages peints de sourires joyeux.

« Et le pouvoir n’a d’importance que s’il satisfait une nécessité. » exprime Dani en mettant son grain de sel, songeur.

« Parfait, Dani !… » Approuve Siata. « Maintenant, j’ai quelque chose très important à vous annoncer. »

Les enfants se consultent du regard, complètement confus. Y a-t-il quelque chose à annoncer ? Qu’elle n’est pas ce que les enfants prétendent qu’elle est ? Les raisons de leur enchantement ? Sûrement pas, ce serait quand même impossible. Une multitude de questions parcourent leurs têtes, les cœurs tout battants. Est-ce que Nis aussi n’est pas enchanté, hypnotisé ? La peur réanime les adolescents.

« Quelque chose à nous révéler ? » S’inquiètent les enfants, pétrifiés.

Siata secoue énergétiquement sa tête que oui.

« Alors quoi donc ? » S’empresse Mano.

« Vous étiez choisis… »

« Choisis ? Mais comment et par qui ? » L’interrompt Mano, agité.

« Mano, ne sois pas si excité ! » le prie Siata, toujours modeste, « ton intrigue sera bientôt assouvie. Je disais que vous étiez choisis pour délivrer cet ilot tout entier, c’est ce que la prophétie nous a appris. Si vous vous souvenez du jour où vous avez vu cet ilot, le jour où il vous est apparu… nombreux sont ceux qui l’ont vu comme vous mais l’ont redouté et craint, vous seuls étiez excités à le découvrir, dès la première vue. C’est ainsi que j’ai pris la forme humaine pour vous tenir compagnie, sinon vous ne sauriez y pénétrer sans la moindre magie. Sans elle, vous seriez enchantés avant d’arriver à la rive… »

« Mais tu nous as quittés si tôt? » se souvient Dani.

Toute l’assistance écoute attentivement leur amie, leurs visages impressionnés et joyeux.

« Justement Dani !» poursuit Siata, « j’allais y arriver. Partir prendre les grains de magie était un simple prétexte pour m’en aller et vous laisser accomplir votre mission, et c’est pourquoi je vous ai laissé cette pierre pour vous aider à surmonter les obstacles que vous aviez à défier. Par votre courage et votre persévérance, vous êtes parvenus à atteindre votre cible en boutant hors d’ici tous les sortilèges que vous seuls étiez capables de détruire. Vous devrez être fiers de vous-mêmes ! Car désormais tous les êtres pourront venir sur cet ilot sans plus jamais craindre l’enchantement. Vous avez atteint votre quête ! » Conclut-elle.

« Vous êtes donc les LIBERATEURS ! » Leur précisent les deux fillettes, Lina et Jola.

Les enfants se précipitent dans les bras, les uns des autres, tout joyeux, s’étreignant délicatement, ils finissent par se relâcher et s’approcher de Siata. Mano ne tarde pas à se presser contre elle, leur bonne fée ; les autres viennent se joindre à eux. Siata pose Nis à terre, y étant obligée. Les deux fillettes aussi se pressent entre elles, Lina et Jola.  Après un moment d’étreinte, ils se relâchent.

« Siata ! Qu’est advenu à notre ami, chevalausore ? » Demande Dani.

Celle-ci lui montre du doigt les chevaux tout blancs, dressés les uns auprès des autres.

« Je parle de cet animal, le dinosaure ! » Insiste Dani.

« Dani ! N’est-ce pas toi qui as dit à tes amis que c’est un cheval transformé en dinosaure ? » Lui demande Siata.

Dani secoue prestement sa tête pour un oui.

« Alors, Dani, ce sont ces chevaux qui ont été enchantés et devenus ce dinosaure. » explique-t-elle. « Je dois ajouter aussi que tu es génie. »

« Siata, as-tu retrouvé les deux derniers coffrets et clés ? » S’inquiète Mano.

« Rassurez-vous ! Tout est en sécurité. » Leur dit-elle.

Après quoi Emma lui remet la première clé qu’elle a jalousement gardée dans l’une de ses poches. Ils se dirigent ensemble vers ces chevaux puis montrent dessus. Siata et Nis sur un cheval ; ainsi que Mano et Emma ; Dani et Nafi et les deux fillettes drôlement sur le leur. Ils s’en vont tout doucement, contemplant et admirant ce beau petit paysage fourré d’agréables animaux comme les éléphants, les singes, les pintades, les oiseaux, les zèbres, les antilopes, les girafes, les lapins, les paons, les papillons, les lucioles… mais aussi de fleurs comme tournesol, bleuet, hibiscus, nénuphars, roses et d’autres qui chargent l’atmosphère de son doux parfum qui enivre les cavaliers.

« Comme c’est magnifique ! »

« Quelle splendeur ! »

« Quel beau paysage ! »

« Quelle superbe prairie ! »

Ils poursuivent leur chemin avec enthousiasme, acclamation et une grande admiration.

Ils arrivent enfin au lieu tant attendu puis s’arrêtent sans mettre pieds à terre. Et voilà une toute petite maison qu’on pourrait même saisir de la main. Est-ce réellement cette maison que les enfants ont déjà appelé Grande Etoile ? Ce serait vraiment incroyable ! De toute façon, elle a la même forme que celle de la carte.

« Eh bien, ce n’est pas tout de même la maison qui se trouve sur la carte ? » S’étonne Mano.

Pour toute réponse, celle-ci esquisse un sourire.

« Dani, Emma et Nafi ! vous avez cet immense honneur d’insérer ces trois clés dans les serrures ! » Déclare-t-elle.

Les noms cités descendent en personnes de leurs montures puis viennent auprès de Siata qui leur remet à chacun une clé. S’accroupissant, ils introduisent les clés dans chacune des serrures magiques et reviennent monter sur leurs montures respectives.

«Maintenant à Mano de conclure  si Dani veut bien nous donner la formule… » Suggère Siata, égnimatique.

Dani s’en souvient puis glisse sa main dans sa poche pour en extraire ces quelques choses que la grotte magique leur a conseillé de prendre : ce sont finalement des petites enveloppes. Il remet celle qui contient la formule des clés à Mano puis empoche l’autre, celle des coffrets. Celui-ci ouvre l’enveloppe et y trouve un papier.

« Lu iforima kima ! » Lit-il.

Après que Mano ait fini de dire la formule, les clés scintillent d’un vif éclat, battant très fois dans les serrures. Les enfants reculent très loin, à grands galops et finissent par s’arrêter pour faire face à cette petite maison qui devient toute grande, enfin elle retrouve sa véritable forme, ce qui émerveille les enfants.

« Donc c’était un château ! » S’écrie Dani, excité.

« Nous sommes devenues toute grandes ! » s’écrient les deux autres fées, Lina et Jola, joyeuses.

« Enfin… » Articule Siata, pathétique.

Elles descendent toutes les trois de leurs montures puis se jettent dans les bras les uns des autres s’étreignant avec délicatesse. Quand elles se relâchent, elles essuient leurs larmes. Les trois filles montent alors sur leurs chevaux, toute radieuses.

Ils se dirigent alors vers le grand portail de la cour du château, en s’avançant vers la grand-salle devant laquelle se tiennent deux autres châtelaines qui leur ouvrent la porte. Une douce lumière dorée, des cris d’enthousiasme, d’acclamation et des vivats les accueillent. Ils traversent cette grande pièce d’un pas majestueux, une cohue de fées ayant attendu le jour de leur liberté s’y dresse. Les enfants prennent place devant l’assistance. Après quoi Siata se relève et le silence absorbe toute la pièce.

« Ces amis ici présents, » commence Siata en désignant Mano et sa bande, « ces amis sont ceux qui ont été choisis pour délivrer cet îlot par leur courage et leur volonté, ils ont réussi à accomplir leur quête. » révèle-t-elle à l’assistance.

« Vive les LIBERATEURS ! vive notre reine, SIATA ! » S’écrie la cohue en chœur.

Des vivats en chœur résonnent dans la grand-salle. Après quoi Siata présente ses compagnons y compris Nis.

« A présent, nous devons une danse en honneur de nos amis ! » Ajoute-t-elle.

Cinq fées gracieusement vêtues apparaissent et commencent à danser. Les libérateurs sourient admirant et battant les mains, fiers d’eux-mêmes. Qui d’entre eux a cru qu’ils auraient cet honneur. Quand ces danseuses finissent leur danse magnifiquement rythmée, tous les spectateurs battent leurs mains en chœur et de bon cœur poussant des cris d’acclamation, chacun se pressant contre son voisin, tout heureux. Une grande fête éclate dans cette grande pièce.