L’île de la Magie- chapitre 12 – Le précieux cadeau

Chapitre XII – Le précieux cadeau

Les enfants ont passé quelques jours auprès de leurs nouvelles compagnes qui leur faisaient raconter, au cours de leurs soirées, leurs aventures et aussi les contes que leur tante relate chaque soir avant de s’endormir. Leurs nouvelles amies les écoutaient avec plaisir et enthousiasme ; elles n’avaient pas envie que ces enfants rentrent chez eux pour pouvoir continuer à les écouter chaque soir conter des récits.

Et voilà maintenant le moment où les enfants, plutôt les libérateurs, s’apprêtent à rentrer chez eux. Est-ce que ce sera la joie ou l’angoisse ? Oui, il y aura la joie parce que les libérateurs vont revoir leurs parents, mais aussi l’angoisse parce qu’ils vont quitter leurs amies, donc la joie sera peinte d’angoisse.

Les libérateurs sortent du bâtiment principal du château, vêtus des habits qu’ils ont portés en venant sur cet îlot. Ils voient Siata, Lina et Jola sur leurs propres montures, qui les attendent. Les enfants les rejoignent aussitôt.

« Vous nous attendez ici depuis longtemps ? » Leur lance Mano en guise de salutation.

« Ce qui vaut la peine », répond Siata à leur salutation, « mérite d’être attendu… »

Siata leur montre quatre autres montures sur lesquelles les sauveurs grimpent. Ainsi ils chevauchent tous ensemble cette route longée par une multitude de fées qui pousse des cris d’acclamation, d’admiration et d’enthousiasme, jetant en l’air des fleurs dorées au doux parfum qui accueillent les cavaliers ; certains animaux poussant aussi des cris joyeux. Quand les cavaliers arrivent au bord de la mer, toutes les mauvaises parties ont disparu, cette merveilleuse prairie a recouvert et embelli, ces parties moches. Un petit bateau tout scintillant et doré attend les libérateurs. Les cavaliers descendent de leurs chevaux. Le temps est arrivé pour que les enfants, après avoir accompli leur quête, doivent rentrer maintenant chez eux ; ils se dressent les uns auprès des autres devant leurs compagnes. Le silence avale l’assistance, une foule de fées venue accompagner les libérateurs. Siata vient auprès de Nis qu’elle prend dans ses bras, lui caresse les poils si tendrement et finit par le poser à terre. Elle enlève de son cou, son collier qu’elle attache à l’encolure du chien.

« Tu as joué de ton mieux un rôle mystérieux !» lui dit-elle, souriante, en effleurant les poils de Nis.

Elle s’approche de Nafi puis toutes les deux s’étreignent très affectueusement.

« Tu es si douce, Siata, notre bonne amie ! » S’émerveille Nafi, enthousiaste.

Quand elles se relâchent, l’une des deux filles-fées passe un coffret à Siata.

« Prends ceci, Nafi, et garde-le ; dans deux jours, ton père et ton oncle, le père d’Emma… »

« Nos pères ? » s’écrient Nafi et Emma en chœur.

« Oui, vos pères. » Poursuit Siata « Je pense que vous avez dû oublier que vous êtes des cousines toutes les deux… »

« Des cousines ? » s’écrient Dani, Nafi et Emma en chœur.

« Bien sûr, elles sont des cousines ! » confirme Siata. « Vos pères viendront vous chercher et vous remmener chez vous. Vous trois, Dani, Nafi et Emma, quand vous rentrerez, vous regrouperez tous les enfants de chez vous, et partagerez avec eux ce que vous trouverez dans ces coffrets. » Leur recommande-t-elle.

Mais que peuvent-ils trouver dans ces petits coffrets qui puisse satisfaire tous ces enfants ? Ces trois noms cités en personnes reçoivent leurs présents puis Siata les presse très fort l’un après l’autre. Quand Siata arrive au niveau de Dani, ils se serrent et elle lui chuchote aux oreilles : « Le plus fort n’est pas forcément celui qui commande, mais celui qui observe les ordres. Vous avez fait preuve de grandeur car si vous n’aviez pas observé les ordres, vous ne parviendriez guère à atteindre votre quête. »

« Tu nous manqueras, Siata, notre bonne fée ! » Articule Dani.

Ils finissent par se relâcher. Dani, Emma et Nafi montent à bord du bateau pour attendre leur chef. Siata s’approche alors de Mano.

« Tu as été le souffle de cette quête. » Lui fait-elle savoir. « Tu mérites bien plus grand. »

Jola passe à Siata un tout petit coffret, tout étincelant.

« Parfois le plus petit contient le plus important. » Observe Siata.  « Tiens, vous serez toujours les bienvenus.» Ajoute-t-elle d’une voix enrouée d’émotion.  « Vous serez toujours… »

Elle n’achève pas sa phrase car Mano lui enroule déjà le bras autour du cou puis ils s’étreignent si fort et si affectueusement. L’assistance ne peut demeurer impassible, essuyant des larmes.

« Jamais nous ne saurions vous oublier, Siata, notre gracieuse Dame fée ! »

« Nous graverons vos noms dans nos esprits de génération en génération, rentrez en paix ! » Renifle-t-elle en relâchant Mano.

« J’espère que nous nous reverrons un jour. » Déclare le garçon.

Le garçon saisit son présent et rejoint ses camarades qui les attendent, Nis dans ses bras. Ils montent à bord du bateau et avec ses amis, font face à l’assistance.

« Vive les fées ! » Déclarent-ils en chœur, levant les mains en l’air.

« Vive les fées ! Vive Siata, la reine ! Longue vie à la reine ! » S’écrie l’assistance, joyeuse.

La foule le répète jusqu’à dix fois. Le petit bateau démarre tout doucement, la reine, la cohue de fées et la petite caravane agitent les mains les uns aux autres. Une grande inscription cligne au sommeil de cet ilot d’où on peut lire ainsi : ILE DE LA MAGIE. L’île devient petite quand le bateau s’éloigne.

Quand les libérateurs arrivent chez eux, une foule de Surimakae (mot soussou qui veut dire « insulaires ») sort de leurs maisons en s’écriant toute stupéfaite.

« Les voilà ! »

« Ils sont toujours en vie ! »

« C’est incroyable ! »

« Un étrange délire ? »

Chacun commente à sa manière. Quand les enfants voient leur tante, ils accourent auprès d’elle et se pressent si fort contre elle que des larmes lui suintent des yeux. Tante Liliane finit par s’agenouiller et entourer de ses bras les encolures de ses petits bonheurs qui posent leurs têtes sur ses épaules.

« Mais… où étiez-vous … pendant tout ce temps ? » Réussit-elle à leur demander.

Autour d’eux s’est formé un cercle de spectateurs. Mano se retire puis se fraye un chemin au milieu de la foule et les regards le suivent aussitôt. Le gamin saisit les poignets des deux filles puis les emmène pour les présenter à sa tante qui se tient debout. Dani s’écarte.

« Ma tante, voici les amies que nous avons délivrées et qui se sont jointes à nous. » explique Mano. « Voici Emma à ma droite et Nafi à ma gauche, elles sont des cousines. »

« Venez ! Approchez-vous mes chères enfants ! » Les encourage Tante Liliane.

Elle presse tendrement les filles contre elle puis elles finissent toutes les trois par se relâcher.

« Où habitez-vous, mes chères enfants ? » Leur demande tante Liliane.

« Elles n’en ont aucune idée. » Répond Mano pour elles. « Leurs parents seront là dans deux jours, du moins c’est ce qu’on nous a dit. »

« Alors, je serai très heureuse si Emma et Nafi acceptent de rester avec nous jusqu’à l’arrivée de leurs parents. »

« Avec plaisir, tante Liliane ! » S’enthousiasment les deux filles.

« Bien ! Rentrons à la maison ! » Conclut tante Liliane.

Tante Liliane conduit les enfants au logis où ils retrouvent Nis étendu dans son petit couloir, qui se relève aussitôt.

Le soir, ils font un grand festin ; les enfants mangent et boivent à satisfaction. Les libérateurs racontent leur aventure à leur tante qui demeure toute dubitative. Quand ils finissent joyeusement leur récit qui paraissait interminable, le temps d’aller au lit arrive. Après s’être souhaité une bonne nuit, Mano et son neveu retrouvent leur chambre habituelle et leurs deux camarades occupent la pièce réservée aux hôtes.

Le lendemain, Dani rassemble tous les enfants du village quelque part, tenant son coffret. Quand il s’apprête à faire la distribution aux enfants, comme le lui a commandé Siata, de ce qui s’y trouve, il se souvient qu’il faut la formule pour l’ouvrir, ce coffret. Ainsi donc, il court prestement dans la chambre puis vient rejoindre les enfants très impatients et qui commencent à s’interroger sur le but de leur regroupement. Quand Dani ouvre la petite enveloppe, il trouve un papier sur lequel est écrite la formule qu’il déchiffre aussitôt.

« Kankira irabi ! »

Aussitôt le dernier son articulé, le coffret s’ouvre et scintille d’une lumière éblouissante. Les « oh ! » des bénéficiaires s’élèvent aux cieux, leurs yeux écarquillés, les bouches béantes et tout excités. Ce sont de jolis jouets que Dani distribue aux enfants et, chaque fois, qu’il en donne un, un autre apparait comme par magie. Chacun ayant enfin reçu son cadeau, la bande se disperse toute heureuse. Le garçon referme alors son coffret puis rentre à la maison. Une fois dans leur chambre, le gamin place son présent au chevet de son lit. Et comme leurs compagnes doivent rentrez elles, Dani prend deux enveloppes qui contiennent la formule puis s’introduit discrètement dans la chambre de ses amies ; il en glisse une dans chacune des poches des deux chemises que ces deux jeunes filles vont porter pour accueillir parents. Après quoi, le gamin sort prestement.

Le soir, Mano et Emma partent se promener au bord de la mer puis finissent par s’asseoir sur une grande pierre contemplant les autres iles : Kassa, Roume mais aussi et surtout L’ile de la magie d’où ils viennent à peine d’être délivrer. La marée est rentrée nonchalamment. Le vent de la mer vient effleurer les visages des deux compagnons qui demeurent taciturnes et tout hésitants. Le garçon cherche vainement de merveilleux mots d’amour. Pourquoi tout semble facile quand on est seul, mais face à la réalité tout devient difficile, tout ce qu’on sait nous fuit, nous abandonne… ?

« L’archipel est agréable ! » Se contente d’observer Mano. « Ma grande fierté est que je suis né aux îles. »

« Oui, il est normal que cela soit notre grande fierté !» Approuve Emma en jetant son grain de sel, « car ce n’est pas accordé à toute personne d’être née entourée de la mer. »

Après quelques instants Emma baisse sa tête, semblant préoccupée par des pensées pathétiques. Elle se demande si elle reverra son meilleur ami ; les larmes commencent à lui brûler les yeux, elle aurait éclaté en sanglot si elle ne s’est pas abstenue en relevant sa tête et en fixant la mer où les oiseaux volètent en chœur, ce qui lui permet de pouvoir s’échapper de ses pensées, mais, néanmoins, ses yeux se mouillent de larmes. Son ami ne s’en rend pas compte, car tous les deux hésitent à se fixer dans les yeux. Mano passe sa main sur celle de son amie puis ferme les yeux et respire profondément et les rouvre.

« Ta paume est si douce, comme du velours ! » Remarque le garçon en fixant son amie.

Elle fixe le garçon. Leurs yeux se croisent puis la jeune fille esquisse un sourire peint de tristesse.

« Qu’y a-t-il, Emma ? » S’inquiète Mano.

« Demain enfin… »

« Je le sais. » L’interrompt le garçon.

« Tu vas me manquer ! » Dit la jeune fille d’une voix enrouée. « J’aurais souhaité rester avec toi, mais… » Ajoute-t-elle en reniflant.

« Le vent nous transmettra, l’un à l’autre, les messages de nos pensées, et nos cœurs nous informeront de ce que l’un ressent toujours pour l’autre, à chaque instant qui s’écoulera. » La rassure Mano.

Les deux enfants se jettent dans les bras l’un de l’autre puis s’étreignent si affectueusement.

« Il vaut mieux qu’on rentre maintenant. » dit Emma.

Ils finissent par se relâcher et descendre de la pierre ; les doigts accrochés les uns dans les autres, ils rentrent à la maison.

Le soir, le dîner les réunit tous à table. Après quoi tante Liliane leur raconte une merveilleuse petite histoire à laquelle les enfants consacrent toute leur attention.

« Dites tante Liliane, vous allez tous nous accompagner demain jusqu’au port d’où nous allons nous embarquer quand nos parents viendront ? » S’enquiert Emma.

« Mais bien sûr, ma chère enfant ! » Lui répond tante Liliane, toute souriante.

« Super ! » S’écrient les quatre compagnons en chœur, joyeux.

« Eh bien, il est temps d’aller au lit. » Rajoute tante Liliane. « Allez, passez une douce et agréable nuit, mes enfants. »

« Merci tante Liliane ! Bonne nuit ! » Lui souhaitent les enfants en chœur.

Une fois dans leur chambre, Mano songe à ouvrir son cadeau. Un présent particulier et extraordinaire. Ce ne serait peut-être pas des jouets qu’on y trouvera dedans. Mais il décide de le faire quand il sera seul, préférant se résigner à la patience. Il éteint la lumière puis tous les deux se dissipent dans le noir.

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, c’est l’honneur et l’espoir des retrouvailles de Nafi et Emma avec leurs parents, personne ne pense faire une promenade, attendant la fameuse arrivée de leurs hôtes. Mais comment sauront-ils les reconnaitre ? Après un certain moment, quelqu’un tape à la porte : Kan !!! Kan !!! L’habitude est que quand on est seul, on tape une seule fois ; trois fois quand on est trois etc. Tante Liliane et les enfants se consultent du regard puis elle se lève et se dirige vers la porte qu’elle tire vers l’intérieur pour l’ouvrir. Elle fait sortir sa tête au dehors pour savoir qui c’est. Tante Liliane voit deux hommes qui se tiennent l’un auprès de l’autre. L’un a l’air d’avoir trente ans et l’autre trente-cinq ans, leurs visages bienveillants cachent une vielle tristesse et tous les deux sont barbus. Tante Liliane préfère sortir et referme alors la porte derrière elle.

« Recevez nos salutations, madame ! » Dit celui qui a l’air d’avoir trente-cinq ans. « Vous devez être madame Liliane ? »

« Ma foi ! Que puis-je faire pour vous, messieurs ? » Dit-elle.

« Je suis M. Godi. » Se présente celui qui a l’air de trente-cinq ans. « Celui-ci est mon beau-frère, M. Bendy, le mari de ma demi-sœur. Nous avons été conduits ici par un garçon, nous sommes à la recherche de nos filles. Tout récemment nous avons entendu parler que deux filles ont été retrouvées par deux garçons, et nous sommes là pour obtenir quelques informations les concernant, c’est cette raison qui nous amène ici. » Explique-t-il.

« Il y a si longtemps que nous les avons perdues brusquement.» ajoute le nommé Bendy, songeur. « Nous pensons à elles à chaque instant, le chagrin de leur disparition ne nous quitte pas et leurs mères sont si tristes et malheureuses. »

« Bien ! » Fait tante Liliane au bout d’une expiration, émue. « Puis-je connaitre leurs noms à elles, vos filles ? »

« Ma fille s’appelle Emma, elle a à peine dix ans. » Commence M. Godi, « et ma cousine, c’est Nafi qui a à peine… »

« Neuf ans, ma fille ! » Achève M. Bendy.

« Soyez les bienvenus, si vous voulez bien entrer. » Dit tante Liliane en rouvrant la porte, persuadée.

Les deux hôtes entrent suivis de tante Liliane jusqu’au salon. Quand les pauvres parents voient les deux filles qui se tiennent debout, ils les reconnaissent aussitôt. Ils s’approchent puis s’arrêtent devant elles. Les pauvres enfants et les malheureux parent se fixent longtemps dans les yeux, sans agitation ; les larmes coulant le long des joues. Après un espace de temps, les malheureux pères privés de leurs filles ; et les sachant sans protection, et les pauvres filles privées de leurs parents, les voilà enfin les uns en face des autres. Ils se précipitent dans les bras les uns des autres ! Des retrouvailles angoissantes ! Tante Liliane et ses deux garçons ne parviennent à rester impassibles. Mano qui domine toujours son émotion, demeure cette fois-ci faible. Les pauvres parents et leurs filles se dévisagent se croyant dans un rêve – mais non ce n’en est plus, c’est bien la réalité ! Oh, les larmes ! Les larmes continuent à couler des yeux des malheureux pères, ils serrent leurs filles contres eux si fort, on aurait cru qu’ils veulent les faire entrer dans leurs ventres.

Les parents des deux filles remercient sans cesse Tante Liliane d’avoir bien voulu garder et s’occuper de leurs filles. Ils échangent quelques moments entre eux.

Quand le moment arrive où les filles et leurs parents doivent maintenant rentrer chez eux, Mano et Dani vont dans la chambre qu’occupaient leurs amies pour prendre leurs cadeaux – les deux coffrets – qu’ils leur remettent.

« Tante Liliane, vous nous avez dit hier que vous alliez nous accompagner, Mano, Dani et vous, non ? » S’inquiète Emma.

« N’ayez crainte, mes enfants, nous serons avec vous jusqu’au port. » Les rassure tante Liliane, souriante.

Les deux filles secouent énergiquement la tête en esquissant un sourire mélancolique. Après quoi, ils se mettent tous en route vers le port. La tante, se trouvant au milieu de ses deux garçons tristes comme jamais, marche après leurs hôtes, les jeunes compagnes leur jetant par-dessus les épaules des coups d’œil irréguliers. Arrivés au port, les deux garçons restent toujours auprès de leur tante.

Les parents des deux filles viennent leur serrer la main l’un après l’autre puis se retirent. Ainsi vient le tour des deux filles. Nafi commence par Mano puis tante Liliane, en les étreignant très fort, et achève par Dani, sur la joue de qui elle pose un baiser tiède, puis elle se retire. Quand arrive le tour d’Emma, elle achève par Mano qu’elle serre si fort et lui chuchote aux oreilles :

« Je t’aime, Mano ! »

« Je t’aime aussi ! » Lui dit le garçon.

Ils finissent par s’embrasser tous les deux en pleine bouche puis Emma se retire. A ce moment précis, arrive Nis en jappant, et les deux filles se précipitent vers lui puis effleurent ses poils et sa tête. Après quoi, elles rejoignent leurs pères et tous montent à bord d’une pirogue. Le piroguier commence à ramer et ils s’éloignent petit à petit du port. Tous ensemble, les uns aux autres, agitent les mains en l’air.

« Bonne traversée ! »

« A très bientôt ! »

« Rentrez en paix ! »

« Nous vous remercions ! »

La grande pirogue s’éloigne peu à peu, devenant de plus en plus petite, vers Roume et après kassa. Tante Liliane, Nis et les enfants rentrent chez eux tout tristes.

Après le départ des deux filles, l’atmosphère devient si calme et si mélancolique. Les deux garçons, oncle et le neveu se sentent tout malheureux et solitaires. Un silence étrange règne ! Leur tante devine bien le malheur de ses deux adorables garçons, mais ne sachant pas quoi inventer pour les soulager ou du moins apaiser leur souci, surtout celui de Mano, car son neveu ne se laisse pas habituellement dominé aussi longtemps. Tante Liliane en devient tout aussi inquiète.

« Je me demande jusqu’à quand vous serez toujours dans cet état ! » se plaint-elle. « Et cela vous dit quoi, si nous leur rendons visite dans les prochains jours ? »

« Ce sera super génial ! » S’écrie Dani, heureux. « Ma tante, puis-je aller jouer avec les copains ? »

« Oui ! » Agrée-t-elle, « mais à condition que tu ne t’éloignes, sommes-nous d’accord ? »

« Oui, ma tante ! » répond Dani avant de s’en aller tout souriant.

Seul Mano assis sur son siège demeure songeur et complètement insensible pensant aux moments, aux endroits où ils étaient avec leurs compagnes… les larmes lui brûlent les yeux. Sa tante s’approche tout doucement de lui dans l’espoir de le réconforter. Elle se penche vers le garçon qui sursaute comme sorti de son songe. Elle lui saisit le poignet.

« Qu’y a-t-il, Mano ? » S’enquiert-elle. « Est-ce à cause du départ de vos amies que tu es comme ça ? »

Le garçon secoue lentement sa tête, triste. Sa tante ferme un instant ses yeux, inspire profondément puis les rouvre, pathétique.

« Allez, maintenant sois fort ! » L’encourage-t-elle. « Nous irons les voir dans peu de jours et demanderons à leurs parents de laisser leurs filles venir séjourner avec nous, vous vous amuserez bien. »

« C’est vrai cela, tante ? » Demande doucement Mano, mi- soulagé et mi- souriant.

Sa tante secoue énergiquement sa tête en souriant et le garçon lui saute au cou. En ce moment même Mano se souvient du présent que Siata lui a offert. Il relâche sa tante puis part s’introduire dans leur chambre et referme la porte à deux tours. Il s’approche du lit et tire son petit coffret de dessous l’oreiller. Mais un autre obstacle surgit : comment ouvrir ce coffret ? Mano l’approche près de ses yeux pour y découvrir une ouverture, en vain, néanmoins il trouve une écriture gravée : IBARI.

Le garçon la prononce aussitôt mais sans obtenir satisfaction. Comment s’y prendre ? Il réfléchit longtemps encore et encore… il pense à déplacer les syllabes, les lettres mais sans effet. Quelle solution n’a-t-il pas essayée ? Il pense alors à renverser les lettres : commençant de la dernière et achevant par la première. Que trouve-t-il, le garçon ? Il hésite à le prononcer, c’est peut-être son dernier espoir, il attend un peu puis respire profondément enfin quoi encore…

« IRABI ! » Articule Mano d’une voix hésitante.

Les lettres se renversent sur le coffret qui s’ouvre aussitôt et une forte lumière en jaillit puis illumine toute la pièce, ce qui pousse le garçon à placer sa main devant ses yeux pour intercepter les rayons lumineux. Cela ne dura pas longtemps et tout redevient ordinaire. Mano se précipite pour plonger ses yeux dans le coffret tout scintillant. Que voit-il là ? Une pierre toute étincelante à la forme d’un œuf. Il ne tarde pas à la reconnaitre… 

« La pierre bleue ! » S’écrie-t-il, ivre de joie. « La pierre magique est bien mon cadeau ! Un précieux cadeau à moi ! »

En découvrant cette pierre, c’est comme un espoir inébranlable qui a le pouvoir de le réconforter jusqu’au plus profond de son être, il s’écrie de joie. Son neveu, Dani, et lui pourront d’une manière si efficace visiter leurs amies Siata, Lina et Jola mais aussi et surtout leurs bien-aimées Emma et Nafi.

                                             FOTOBA, 29 Août 2016