L’Île de la Magie – Chapitre 3 – Dani et Siata

Chapitre 3 – Dani et Siata

Le soleil sourit aux îles de Loos, tout le bord est illuminé. Quelques rayons solaires transpercent les feuillages. Tout est calme. On entend seulement le bruit de la mer se rincer contre le sable, des bruits secs et réguliers des flots se heurtant contre des pierres un peu plus loin. De temps en temps, une bourrasque vient agiter et balancer les feuilles de grands arbres qui bruissent. Les explorateurs se trouvent sous le grand manguier où ils ont dormi. Ils ont maintenant toutes les informations sur cette île. Tout se passe bien et la découverte semble moins pénible et moins dangereuse. Quelle chance d’avoir cette carte !

Sur cette carte, il y a quatre principaux endroits : au nord se trouve une maison dont le sommet resplendit de grandes étoiles, au Sud se trouve un grand arbre où ont dormi les enfants ; deux grottes, elles, se trouvent l’une à l’Est et l’autre à l’Ouest. Les chemins qui mènent à ces lieux sont indiqués sur la carte. Quels mystères s’y cachent-ils ?

  • « Qu’allons-nous faire ? » Demande Dani à ses compagnons.

Mano le regarde un instant.

  • « Si nous décidions de découvrir la Grande Etoile ? » Suggère-t-il.

Déjà Mano baptise cette maison en << GRANDE ETOILE >> ce n’est pas parce qu’elle est en forme d’étoile, mais à cause de celles qui sont fixées au-dessus. Siata ne dit rien, elle regarde seulement la carte sans vouloir souffler un seul mot.

  • « Bonne idée ! J’ai hâte…» S’empresse Dani.
  • « Qu’en dis-tu, Siata ? » Demande Mano.
  • « Pas une mauvaise idée ! » Répond-elle.
  • « Super ! » S’écrie Mano comme un tout petit enfant. « Euh !… »

Les autres, surpris, le regardent et éclatent de rire, Mano s’arrête puis les imite.

  • « Maintenant, c’est très facile d’y aller, il suffit seulement de se laisser guider par la carte. Nous emprunterons les chemins indiqués. » Explique-t-il.

Les adolescents arrangent leur petit bagage qui ne vaut pas beaucoup de peine. Dani court vers la plage, regarde incessamment leur île, FOTOBA. Il voit une barque traverser partant à Conakry, un peu loin. Les compagnons de Dani le suivent. Le gamin veut agiter sa main en direction des passagers, mais il hésite, la barque est un peu loin. D’ailleurs les insulaires savent bien qu’il y a personne sur cette île où il se trouve et nul n’ose y aller car elle est affreusement trop dangereuse. Personne n’a rêvé y aller un jour, non, personne. Mais les intrépides, eux, y sont parvenus et sont bien là ! Personne ne croira à leur aventure, quand ils la raconteront un jour. Leur découverte a-t-elle une cause ?

Dani parcourt d’un regard affectif leur île natale comme pour lui souhaiter laconiquement ses adieux. Nis, leur chien, accourt et s’arrête, ses yeux fixant aussi leur île d’une manière particulière, semblant exprimer sa profonde nostalgie. Dani regarde Nis : << que dira notre tante quand nous reviendrons un jour ? >> se demande-t-il.  Il commence à désapprouver cette découverte et à changer d’avis. Les deux autres compagnons, arrêtés sous l’arbre, contemplent tous les gestes du gamin, ils les attendent, lui et son chien, impatiemment. Le gosse regarde ses amis qui aussitôt l’encouragent à faire comme bon lui semble. Il descend finalement dans l’eau puis se débarbouille le visage et le corps, il lance quelques poignées de gouttes d’eau à Nis qui le rejoint aussitôt aspergé. Nis ne s’est pas trempé hormis ses pattes.

Mano ne tarde pas à siffler pour avertir ses compagnons de l’heure de leur départ. Son neveu sort de l’eau, l’air frustré, ils les rejoignent, Nis et lui. Il ne souffle aucun mot.

  • « Dani, pourquoi es-tu triste, c’est tante Liliane qui te manque ? » S’enquiert son oncle.

L’oncle devrait garder cette question. Il ne faut jamais réveiller le chat qui dort. Mano aurait dû laisser son neveu, voilà comment le gamin va commencer à se lamenter :

  • « Certainement ! Et d’ailleurs j’en ai marre et je veux rentrer chez moi, j’ai faim, je n’ai pas d’amis et je ne peux plus supporter… »
  • « Hé ! Dani, doucement ! Arrête de crier comme ça, et tu n’es pas seul à avoir faim » Réprime Mano.

Nis qui suit cette conversation, court près de Siata puis regarde Mano comme pour dire : <<en tout cas, dis-lui qu’il n’est pas le seul à avoir faim>>.

  • « Pourquoi ne rentrons-nous pas à la maison ? Que cherchons-nous ici ? J’ai failli me faire tuer, as-tu oublié ? » Insiste le gamin, commençant à verser des larmes.

Si on laisse le chat dormir, il ne griffera personne, mais voilà qu’il devient indomptable. Mano s’approche tout doucement de lui et le serre affectueusement puis murmure dans son oreille ;

  • « Je t’aime plus que tu ne saurais l’imaginer, je ne permettrai plus jamais que quelque chose t’arrive dorénavant, je donnerai ma vie pour toi puisque je ne veux plus te perdre car tu m’es très cher… »

Dani sanglote de moins en moins, se sentant un peu soulagé. Mano sent un liquide chaud se glisser sur son épaule.

  • « Je ne… je ne… veux… pas te… perdre aussi… » Balbutie-Dani.
  • « Oh ! Ne pleure plus, mon neveu, ne pleure plus… » Console Mano, tout doucement.

Dani relève sa tête vers Siata dont les larmes fendent les joues. Pourquoi pleure-t-elle ? Elle essuie ses larmes et vient près de ses compagnons posant une main consolatrice sur Dani pour l’encourager.

  • « ça va aller, Dani.» Rassure-t-elle.

Dani arrête ses petits sanglots et son oncle le relâche.

  • « Dani, sois sans crainte, rien ne nous arrivera, je te le promets.» Dit Mano.

Le gosse s’assied sur la racine du grand arbre, très perplexe. Mano et Siata s’entretiennent pour trouver quelque chose à manger. Sur cet îlot, il n’y a même pas de fruits à consommer. Que peuvent-ils trouver à manger ? Ils réfléchissent…

  • « Ne pouvons-nous pas trouver des poissons, ici ? » Dit Siata.
  • « Si ! D’ailleurs, c’est ce qu’on peut avoir facilement sur cette île. » Répond Mano.
  • « Oui, mais on ne pourra pas gagner comme ça… »
  • « Non, je sais ! il faut se munir de canne, ligne, hameçon et des appâts. »

Dani, lui, ne fait rien, ni ne dit un seul mot, il semble préoccupé par ses pensées comme un responsable.  Comment retrouver ce que vient de citer Mano ? Ils peuvent compter sur Siata, elle est là pour subvenir aux besoins. Elle préfère ne pas utiliser seulement la magie.

  • « Mano, va chercher un bois mince très dur, il te servira de canne, et pour le reste, ne t’en fais pas, je m’en occupe. » Ordonne Siata.

Dani n’a rien à faire, son esprit se trouve dans l’autre île près de sa tante.

  • « Alors file-moi ton armure pour que je m’en serve. » Dit Mano.

Siata la lui remet sans tarder. Mano part faire exactement ce que sa compagne lui a précisé puis il revient trouver le reste près d’elle, il montre le bois à son amie.

  • « Bon travail ! Mais… » Hésite Siata.
  • « Oui, vas-y… » Encourage Mano.

Elle pointe son armure du bout de son doigt.

  • « Ah ! J’ai failli oublier, d’ailleurs elle est très belle comme sa propriétaire… »
  • « Oh ! Passons aux choses sérieuses, ce n’est pas le moment. »

Mano attache la ligne à l’extrémité de la canne et Siata découpe les appâts puis les rassemble sur une grosse feuille qu’elle tend aussitôt à son ami, celui-ci attache l’hameçon à la ligne puis récupère le colis d’appâts.

  • « Te voilà prêt maintenant. » Remarque Siata.
  • « Oui, c’est certain. » Approuve Mano.

Mano regarde aussitôt son neveu :

  • « Dani ! veux-tu venir avec moi à la pêche ? » demande-t-il.

Le gamin sort sa tête d’entre ses mains, il fixe son oncle puis secoue lentement sa tête. Il se relève paraissant comme quelqu’un tiré de son pire cauchemar. Il se dirige nonchalamment vers son oncle.

  • « Allez Dani, ne fais pas le paresseux, vous ne ferez pas moins de quinze minutes avant que vous n’ayez attrapé cinq poissons. » Rassure Siata.

Dani emboîte les pas de son oncle puis ils partent ensemble. Siata reste avec Nis pour préparer le feu avant l’arrivée de leurs compagnons, ils furètent les abords pour trouver des bois morts. Nis se sert de ses dents pour ramasser les brindilles. Les deux pêcheurs doivent aller un peu loin, dépassant la plage pour trouver un endroit approprié à la pêche. En cours de route, les deux gamins n’articulent rien, ils laissent le silence les escorter, mais à un certain niveau, Dani, hanté par ses pensées et frustré de mots comme si quelque chose l’empêche, décide alors de rompre ce silence régnant.

  • « Dis-moi, nos parents ne te manquent pas ? » Demande-t-il.
  • « Bien sûr, Dani, mais cela ne m’empêchera pas de faire ma découverte, d’ailleurs ils savent que nous ne sommes plus des enfants, donc ils ne vont pas s’inquiéter pour nous car nous savons nous débrouiller. » Argumente Mano.
  • « A quoi te servira cette découverte ? » Insiste le neveu.

Mano s’arrête et fixe son neveu et en ce moment précis, on pourrait penser qu’il va enfin décider de rentrer chez eux, mais il parcourt le sommet d’un arbre et voit un oiseau : << Si nous écrivions une lettre à notre tante Liliane pour la rassurer que nous sommes en sécurité, elle informera nos parents >> pense-t-il. Ils entendent tous deux un coup très violent, sûrement une vague d’eau qui s’est brutalement heurtée contre un rocher. Mano pense aussitôt à celle qui ne cesse de les aider en la personne de Siata. Ce n’est pas à tout moment qu’on a ce genre de chance, et quand on en a, on ne doit pas la gâcher, on en profite. Mano ne veut guère relâcher cette chance, c’est impossible, il faut atteindre la cime…

Pendant tout ce temps, il n’a rien articulé, son neveu non plus, sauf qu’il parait étonné du mimétisme soudain de son oncle. Mano reprend son souffle et continue son chemin sans dire un seul mot, Dani lui emboîte les pas.

  • « Tu ne les aimes pas, c’est pourquoi tu ne veux plus rentrer, n’est-ce pas ? » Insiste Dani.

Son oncle s’arrête de nouveau et le fixe, mais cette fois-ci, il lui répond durement avec ordre :

  • « Ne répète plus jamais ta négation et ça suffit aujourd’hui pour tes questions. »

Il s’en va, laissant son neveu arrêté, très déçu. Dani espère pouvoir influencer son oncle. Il ne faut jamais avoir un ami téméraire pour ne pas se faire tuer.

  • « Tu ne les aimes pas, parfait ! Je ne suis plus ton neveu et j’irai là où je veux. » Proteste Dani, mécontent.
  • « Si tu ne veux pas m’accompagner, va m’attendre auprès de Siata, car j’imagine bien que tu as l’esprit embrouillé et as l’air de crier famine, hahaha ! » Se moque Mano.

Dani ne dit rien et rejoint sa compagne en dégageant les herbes qui bordent la route, très furieux et chagriné. Il trouve Siata en train de placer les bois secs pour faire le feu. Le gamin s’assied sur la racine de l’arbre puis contemple ses compagnons qui n’ont pas encore remarqué sa présence. Mais Nis ne tarde pas à le sentir. Il accourt aussitôt vers Dani. Le gosse le soulève dans ses mains. Siata s’en aperçoit, mais elle parait plus qu’étonnée.

  • « Dani » Dit-elle, surprise. « Tu as l’air malheureux, tu es sûr que ça va ? En plus, je te croyais avec ton oncle ! »
  • « Il ne m’aime pas. » S’empresse de répondre Dani.
  • « Comment ça, il ne t’aime pas ? Oh ! Dani, si tu savais combien de fois ton oncle a voulu se faire kidnapper pour te délivrer de la détention de ces monstres, tu ne penserais pas à proférer ta négation. Il a eu du mal à patienter avant de te voir libéré, il a failli verser les larmes. Quand je lui ai expliqué notre plan, j’ai remarqué que toute son attention n’était portée que sur toi, mais hélas ! L’ignorance rend ignorant. Il faut savoir qui est vraiment ton oncle pour pouvoir le condamner. Nous aimons tous nos familles. Qui se réjouirait du malheur de son frère ou sa sœur ? Qui souhaiterait le mal à ses parents ? Il faut être quelqu’un sans cœur, sans pitié ni foi pour y penser seulement. Même moi, j’ai des sœurs, des amies que j’ai abandonnées pour vous secourir et vous soutenir pendant votre aventure, mais à chaque instant de ma vie, je pense à elles. »

Siata baisse sa tête et une mine triste s’empare d’elle comme si Dani lui rappelle quelque chose d’angoissant, on aurait cru qu’elle pleure, mais bien le contraire. Dani, lui, demeure perplexe, lui qui a cru être celui qui mérite tant de consolation, mais voilà une autre révélation qui le rend indigne. Il se relève tout doucement et s’approche de sa compagne puis pose sa main tremblante d’émotion sur l’épaule de celle-ci, et finalement il s’accroupit. Ils ont tous deux l’air triste. Dani maîtrise enfin son désarroi, et respire un peu fort puis avec une voix teintée d’angoisse et un peu tremblotante, il s’enquiert :

  • « C’est vrai que tu as des parents aussi ? Tu as un père et une mère ? »

Dani demeure dubitatif, car sa question l’exprime. En général, les fées n’ont ni père ni mère, le gosse veut savoir s’il en est ainsi pour sa compagne. Quant à celle-ci, cela lui semble un peu étonnant, mais aussi elle se sent comme une enfant qu’un adulte vient soulager et encourager. Pourtant, ce sont eux, Mano et elle, qui doivent plutôt consoler Dani. Siata constate la réciprocité et sans s’obstiner, elle répond :

  • « Non, je n’en ai pas, je n’en ai jamais eus. »

Dani semble maintenant moins triste mais plus curieux, il veut savoir comment sont venues les fées, si elles viennent comme nous les humains.

  • « Alors, comment es-tu venue au monde ? » Insiste-t-il d’un ton calme.

Siata relève sa tête et fixe Dani d’un regard stupéfait pendant un instant puis la rabaisse.

  • « Je suis… » Hésite-t-elle, « je suis venue de la magie, je suis faite de la magie, je suis magie. Je suis créée par l’imagination d’un grand magicien qui m’a donné le nom de <<Fée>> comme à toutes mes semblables. Il m’a créée dans l’unique but de travailler pour lui. Je ne suis pas seule. Nous avons vécu dans une cellule durant notre vie où il nous retient captives. Aucun moyen de nous échapper ! et chaque jour nous avions des travaux pénibles à exécuter ! Je suis la plus petite parmi mes amies ; et pour pouvoir porter les livres et autres choses, nous les aspergions de graines de magie qui les rendaient très légers…Nous pouvions ainsi les déplacer plus facilement. »

 

Siata interrompt son récit fascinant et contemple Dani dont les oreilles sont grandement ouvertes, observant mot par mot et phrase par phrase… Il écoute sa compagne sans la fixer, mais comme celle-ci se tait, il relève sa tête vers elle ; leurs regards se croisent et se décroisent aussitôt. Dani semble oublier ses inquiétudes, le récit de sa compagne le captive. Sa curiosité semble assez assouvie, mais il veut savoir comment Siata a atteint cette taille, car pour lui, les fées ne grandissent jamais. De plus, elles détiennent une baguette magique qui leur permet d’offrir de la magie aux humains pour les aider. Dani s’impatiente alors de connaître la suite du récit…

  • « Comme j’étais la plus petite,» poursuit-elle ; « il avait décidé alors de me faire grandir sans penser que cela nous permettrait de nous enfuir, croyant pouvoir continuer à me contrôler. Mais il s’était gravement trompé en croyant que je lui serais loyale. C’est ainsi je suis devenue la plus grande parmi nous. Il me choisit alors comme maitresse de mes amies J’ai senti enfin que le jour de notre liberté arrivait en clopinant ! Nous avons travaillé pour lui pendant des années et jamais l’idée d’une évasion de notre part n’avait germé dans son cerveau… »

Siata s’interrompt de nouveau pour souffler un peu. Dani, lui,  est concentré. Au bout d’un instant, sa compagne continue devant l’impatience de son auditeur.

  • « Ainsi,» continue-t-elle, « nous l’avons servi encore et encore. J’ai fait semblant de continuer à le servir loyalement sans causer d’ennui à mes amies. Parfois je faisais même leur travail quand ce magicien ne nous prêtait pas attention. Un jour, je ne sais pas ce qui lui a pris jusqu’à vouloir me confier les clés. Je me demande même s’il n’avait pas beaucoup bu. Il s’en allait quelque part. Il y avait beaucoup de clés, et je les ai essayées l’une après l’autre dans la serrure. ; mes amies étaient si excitées…quand je m’apprêtais à introduire la dernière clé, j’ai entendu des pas derrière la porte, je me suis alors retirée prestement. Quand cet homme est rentré, il m’a retrouvée assise et m’a dit ceci : « On ne joue pas avec un danger au risque d’y succomber. » Tout était alors gâché, car les clés s’étaient de nouveau mélangées et comment retrouver celle qui est adéquate ? J’ai incliné ma tête comme une idiote pour insinuer mon dessein. En sortant de la chambre, il me lança cela : « Ce qui n’est pas liquide ne doit affronter le feu. » Je me suis dit que c’est une erreur magique, sinon comment peut-il oublier l’essence…. A ce moment-là, je me suis précipitée vers mes amies en fixant la porte, mais à peine quelques secondes se sont-elles écoulées que sa silhouette réapparait, j’ai alors regagné promptement ma place et fait semblant de somnoler. En rentrant, il me lança ceci : « prendre garde, petite fillette. »  J’avais fait mine de sursauter comme surprise. Il s’en est allé aussitôt. J’avais vraiment cru que notre jour de liberté était venu… ».

Siata se tait et jette un regard autour d’elle. Le silence règne. Dani écoute avec plaisir. Nis, étendu, se gratte les pattes, les oreilles et certaines parties de son corps de temps à autre. Aucun d’eux ne pense à lui en ce moment, car le récit devient plus que passionnant, surtout pour Dani. Dommage que son oncle soit absent ! 

  • « C’a l’air très intéressant, j’ai hâte de connaître la suite. » Incite Dani en esquissant un petit sourire.

Siata l’imite puis continue :

  • « J’ai réessayé les clés jusqu’à ce qu’à retrouver celle qui est adéquate. J’ai réussi à libérer mes amies et nous nous sommes réfugiées aux contrées des ÎLES DE LOOS. Depuis je suis devenue leur amie et libératrice. Elles ne se débrouillent pas mal, mais ma présence leur est indispensable et les rend heureuses. Mais plus tard, enfin installées, nous avons constaté que ce magicien avait implanté un sortilège avant de partir. Nous avons tout tenté en vain ! Du moins, il y a un espoir ! Et nous attendons le jour où cet enchantement sera bouté hors d’ici… »
  • « Tu as pu visiter tes amies depuis notre arrivée ici ? » S’enquiert Dani.
  • « Oui ! Seulement pendant la nuit, elles désirent beaucoup venir avec moi pour vous rencontrer, mais je crains qu’elles ne vous ennuient… »
  • « Non, elles ne vont pas nous embêter, dis-leur de venir, j’ai trop hâte de les voir. »
  • « Je te donne ma parole, je les inviterai… »
  • « Je suis impatient… »

Siata secoue lentement sa tête et sourit, Dani l’imite. Il part s’asseoir sur la racine de l’arbre pendant que Siata s’occupe du feu. Le gamin fixe les deux créatures : ce sont des femelles. Il s’en approche. Il lui semble alors voir des humains puis se recule vite.

  • « Siata, viens voir ça, il semblerait que ce sont des humains. » S’empresse-t-il.

Celle-ci accourt et les examine à son tour, un peu seulement, elle confirme. Donc Dani ne rêve pas, il a raison. On les a enchantés et transformés en monstres avant même qu’ils n’aient accosté avec leur pirogue. Ils ont pénétré cet île déjà tout transformés avec pour mission de le protéger.

  • « Pourquoi cela leur est-il arrivé et non pas à nous ? » S’enquiert Dani.
  • « Parce qu’elles n’ont point de magie et sont maintenant condamnés à garder cette île pour l’éternité. » Explique Siata à son jeune compagnon.
  • « Ce sont des filles ? »
  • « Oui, même âge que ton frère et toi. »
  • « Que faut-il faire pour les libérer ? »
  • « Je ne sais pas encore… »

Ils croisent leurs bras et fixent les deux créatures tout en réfléchissant. Siata cherche un plan pour visiter ses amies fées, elle regarde Dani qui est très inquiet pour ces créatures.

  • « Je crois que des grains de magie pourront les sauver. » Dit-elle.
  • « C’est vrai ça ? essayons alors… » S’empresse-t-il
  • « Mais je ne les ai pas avec moi, donc il faut que je parte les prendre loin, près de mes amies, et ce sera l’occasion pour elles de venir avec moi. »
  • « D’accord ! Attendons que vienne Mano… »

Siata hoche sa tête. Ils demeurent silencieux, leurs yeux contemplatifs pénétrant ces monstres. Nis les rejoint et se tient au milieu d’eux. C’est ainsi qu’arrive Mano et trouve le feu prêt, et ses amis tout près de ces créatures monstres. Celui-ci les regarde, très étonné.

  • « Hé ! ce n’est pas mal hein ! » Leur lance-t-il, soulevant les poissons, « mais dites-moi que regardez-vous là-bas ? »
  • « Ah ! On t’attend même. » Dit Dani.
  • « Ah bon ? Mais pourquoi ? » S’empresse Mano.
  • « Je veux aller chercher des grains de magie pour délivrer ces pauvres enfants. » Explique Siata.

Mano laisse tomber les poissons puis accourt auprès de ses amis.

  • « De quels enfants parlez-vous ? » Leur demande-t-il.

Siata montre les deux créatures du bout de son doigt, elles sont assises sans l’air agressif. Mano s’approche d’elles pour les examiner à son tour, il se penche.

  • « Ce sont des humains tout comme nous, mais elles sont condamnées à être gardiennes de cette île. Cela est dû au manque de magie avant leur arrivée… » Explique Dani.
  • « Je me demande si je ne suis pas un myope ! » – Mano se relève et regarde ses amis.- « Comment sais-tu tout cela, Dani ? » S’étonne-t-il.
  • « C’est Siata qui me l’a raconté… en plus elle veut bien les sauver si nous lui permettons de partir chercher ses grains de magie dont elle me parle. » Répond Dani.

Sur ces mots, Mano s’approche de leur compagne :

  • « C’est vrai, tu peux les libérer ? » Lui demande-t-il.

Elle secoue lentement sa tête. Maintenant Siata doit y aller et revenir un jour imprécis. D’un geste de main, Mano fait signe à son neveu et Nis de s’approcher. Les enfants tendent leurs mains, les posant l’une sur l’autre, ignorant leur chien. Nis se sentant oublié, aboie comme pour dire : << Attendez ! Attendez ! Vous n’avez aucun droit de m’écarter ! Ça, c’est de l’égoïsme et de l’injustice >>. Ils se souviennent aussitôt de lui et s’accroupissent finalement. Nis pose sa patte puis en chœur, ils disent :

  • « Pour l’amitié ! Pour le voyage de Siata ! Et pour la liberté de ces monstres ! »

Ils soulèvent leurs mains en l’air en poussant des cris. Siata se transforme en sa nature féerique. Elle parait plus belle que jamais, avec sa baguette magique, elle embaume ses camarades d’une odeur plus douce. Elle s’accroupit pour caresser le petit animal dont les yeux resplendissent aussi d’admiration puis elle se relève et d’un seul coup de baguette, elle lance une goutte de magie au petit bagage. Les enfants restent insensibles, car déjà fascinés.

  • « Ça vous aidera pendant mon absence. » Murmure-t-elle.

Elle s’élève tout doucement agitant sa main à ses compagnons, ces derniers l’imitent.

  • « Bonne chance ! » Lui souhaitent-ils
  • « Merci et à très bientôt ! » Répond-elle.

Les enfants fixent laconiquement leur amie. Celle-ci s’envole et disparait derrière les nuées du ciel. Comment s’en sortir sans elle qui connait bien cet ilot et qui sait s’y prendre quand un danger s’interpose ? Que faire si ces créatures deviennent agressives ? Mano et son neveu ont une grande responsabilité et doivent avoir la vigilance de ne pas se faire enchanter. Car ils savent bien que quiconque n’a pas de magie sur cette île, doit s’attendre aux enchantements. Qu’adviendra-t-il d’eux ? Ces questions rendent les enfants abrutis et les laissent dans une totale confusion. Ils partent s’asseoir mélancoliquement sans penser à Nis qui les rejoint aussitôt.